
Soldat qui semble sommeiller mais hélas qui est blessé ou probablement mort car il a 2 trous rouges au côté droit. Le côté droit a son importance car le coeur est à gauche.
Poème
:
Le Dormeur du Val
"Le dormeur du val" est le 2ème poème sur 7 du 2ème cahier de Douai"
Le dormeur du val est le poème le plus célèbre de Rimbaud et le plus connu
C'est
un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne
fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un
soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où
la lumière pleut.
Les
pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les
parfums ne font pas frissonner sa
narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté
droit. |
LE CAHIER DE DOUAI
1er cahier
1- Première soirée
2-Sensation
3-Le forgeron
4-Soleil et chair
5-Ophélie
6-Bal des pendus
7-Le Châtiment de Tartuffe
8-Vénus anadyomène
9-Les réparties de Nina
10-A la musique
11-Les effarés
12-Roman
13-« Morts de Quatre-vingt-douze »
14-Le mal
15-Rages de Césars
2ème cahier
16-Rêvé pour l'hiver
17-Le dormeur du Val
18-Au cabaret-vert
19-La Maline
20-L'éclatante victoire de Sarrebrück
21-Le buffet
22-Ma Bohème (Fantaisie)
D'autres analyses du poème
http://lettresbacpro...
http://www...bacfrancais.
Vallon : petite vallée, dépression allongée
façonnée par un cours d'eau ou un glacier.
Haillons : (origine chiffon) vêtements en loques, guenille.
Un somme : une sieste
>Parataxe : juxtaposition de phrase sans mot de liaison exprimant le rapport
qui les unit (Il fait beau, je vais me promener)
>Métonymie : procédé par lequel un concept un concept
est désigné par un terme désignant un autre concept
(une fine lame pour un bon escrimeur, il s'est fait refroidir pour il
est mort).
Plan
1-Une nature féérique
2-La position inattendue du soldat
3-Une berceuse hésitante
4-Une mort omniprésente
Conclusion
Commentaire composé
On a tous
appris par cur à l'école le célèbre
sonnet encore bien sage de Rimbaud. Mais derrière ce poème
se murmure un cri de révolte contre l'horreur de la guerre, l'assassinat
des jeunes soldats, le massacre de toute une jeunesse. Une lente approche
dans un vallon ensoleillé conduit peu à peu le lecteur devant
une découverte macabre qu'on assimilerait à un sommeil paisible.
Une nature féerique
Le premier quatrain dresse un cadre enchanteur dans une féerie
de couleurs et d'illuminations. Le vallon parcouru par un cours d'eau
est ici présenté par une périphrase « un "trou de verdure" endroit généralement propice
aux idylles, aux rêves. Le mot "trou" du premier vers
prépare déjà le dernier pour lui faire écho.
La rivière, discrètement personnifiée comme la montagne, chante comme en signe de joie, d'allégresse.
La joie de vivre de la rivière se manifeste en accrochant des objets
aux herbes comme des guirlandes. L'audacieux rejet, "D'argent"
met l'accent sur la richesse des jeux d'eau et de lumière. L'apparition
du soleil, symbole avec l'eau de la vie pour la nature métamorphose
les lignes et les volumes : la montagne est "fière" d'observer
à ses pieds ses bienfaits comme ceux d'une mère nourricière.
Le second rejet "luit" donne une sorte de gros plan, de synesthésie,
de vertige des mouvements que la nature personnifiée fait éclater,
l'eau mousse sous les rayons de soleil. Les rimes croisées,
et non pas embrassées, les nombreux enjambements ou rejets,
l'assonance en "ou" participent à ce bouillonnement visuel
et sonore.
La position inattendue du soldat
Ce qui surprend dans la position du personnage c'est d'être allongé
dans l'herbe avec la tête à fleur d'eau.
L'évocation du soldat nous désigne un être jeune,
la "bouche ouverte" et la"tête nue" qui lui
prête un aspect peu réglementaire, un être libre, insouciant,
quelque peu naïf. La posture suggère plus l'oisiveté
que le devoir militaire. Mais en y regardant de plus près, il nous
est décrit comme un être malade "pale" dans un
"lit". Il "dort" mais son sommeil est frappé
d'ambiguïté car la bouche ouverte pourrait être autant
celle d'un mort que celle d'un agonisant, et cette "nuque baignant"
qui marque d'inertie, celle d'un corps abandonné plus qu'un corps qui s'abandonne. Il y a la même ambiguïté tragique dans la position d'un dormeur ou d'un gisant, dans cette
étrange pâleur qu'accentuent la verdure et la lumière.
La "nue" ajoute à l'indétermination car il peut
s'agir d'un ciel de lit ou d'un drap mortuaire. Le "trou" ajoute
encore à la confusion en rappelant le tombeau. La multiplication
des couleurs froides (bleu, vert, pale, les rimes plus étouffées,
moins vibrantes que dans le premier quatrain atténuent l'élan
joyeux des premiers vers.
Une
berceuse hésitante
Le premier tercet use de répétitions attentives, pleines
de sollicitude, "il dort", "il fait un sonne","il a froid". La comparaison du sourire avec celle d'un enfant malade étonne, voire alerte le lecteur. L'adjectif "malade"
détaché par un quasi-rejet à la césure conduit
à un surprenant diagnostic "il a froid", La construction
parataxique "il dort", "il fait un somme", "il
a froid" apparaît pour ce qu'il est ou risque d'être
: une litote ou un euphémisme masquant
une réalité horrible, se refusant à nommer "l'innommable",
c'est à dite La mort. Le mal mystérieux, le froid inexplicable
au creux du vallon baigné de soleil, ne relèvent pas en
fin de compte d'une inertie passagère mais apparaît être
celle d'un être inerte, sans vie. Le premier vers
du second tercet qui frissonne de ses allitérations en "r"
et en "f" peut redonner un espoir. La position de la main sur
la poitrine qui peut être celle du sommeil ou de l'immobilité
cadavérique ne peut pas confirmer le diagnostic funeste et lever le doute. Il faut attendre l'ultime vers pour enfin obtenir
la révélation. Le mot fatidique n'est pas prononcé,
mais l'image s'impose, avec la présence concrète, d'un corps
ensanglanté.
Une mort omniprésente
Par un procédé habile, Rimbaud essaie de nous mettre sur
une fausse piste, mais il nous laisse une foule d'indices
qui recouvre le thème de la mort. Le "trou" nous l'avons
dit peut être assimilé à une tombe creusée,
les "glaïeuls" qui ne sont pas des fleurs aquatiques mais
celles que l'on dépose dans les cimetières, puis les "haillons"
qui sont des vêtements hors d'usage, qui ont fini leur vie, et enfin
la nuque qui baigne généralement dans le sang contribuent
à nous mettre sur la voie, celle d'un soldat mort.
Conclusion
On relève de nombreuses réminiscences littéraires
dans ce poème de Rimbaud. L'essentiel est dans un art consommé
du tragique, tout entier agencé en une ascension tragique vers
une cassure, une "chute" dramatique. Rimbaud multiplie les effets
rythmiques brisés, les rejets pour mieux rendre
compte d'une vie interrompue tragiquement. Le pathétique est aussi
plus lourd, plus efficace et plus expressif dans une colère assourdie
qui hurle.., en se taisant. L'ironie est rendue plus tragique encore avec
le dévoilement progressif des périphrases, des litotes,
des euphémismes, que rythment les rejets successifs. Le lecteur,
admirateur des futurs chefs-d'uvre, reconnaîtra sans peine
dans les audaces de cette versification les prémices d'une langue
poétique unissant révolte existentielle et révolte
esthétique.
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